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Australian Shepherd Health & Genetics Institute

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Mauvais Gènes, Bébés, et l’Eau du Bain

par C.A. Sharp, traduit par Judith Gogibus
Double Helix Network News, Automne 1998, Rév. Avril 2013

 

Tout le monde connaît cet adage ” Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain “. Mais est-ce que les éleveurs canins savent à quel point cela les concerne ? Sûrement pas le novice qui affirme avec certitude qu’il ne gardera jamais, jamais rien qui puisse présenter la plus petite possibilité de transmettre une tare génétique. Pas plus que l’éleveur chevronné qui se refuse à utiliser une excellente lignée parce qu’elle peut parfois révéler des cataractes. Cette tendance exagérée à avoir recours à la génétique, non seulement écarte de la reproduction des sujets susceptibles d’apporter des choses intéressantes mais il peut aussi accentuer des problèmes graves que les éleveurs tentent d’éradiquer. Ce qui suit est un exemple réel de ce qui peut se produire lorsque les éleveurs se livrent d’une manière peu perspicace à une sélection radicale au nom de la lutte contre les tares génétiques.

Au début des années 1970, des éleveurs de Basenjis lancèrent une campagne pour éradiquer une maladie mortelle appelée pyruvate kinase déficient hemolitic anemia (HA). La HA est provoquée par un gène récessif .Les chiens qui n’ont qu’une seule copie du gène sont sains mais ceux qui en ont deux copies succombent à la maladie. Un test de dépistage fut mis au point, ce qui permit de déceler les porteurs et les malades. Les éleveurs dépistèrent activement leurs chiens en écartant de la reproduction non seulement les chiens malades mais aussi les porteurs sains.

Aujourd’hui la HA est rare chez les Basenji mais il ya beaucoup plus de sujets atteints d’atrophie progressive de la rétine. Tout comme une autre maladie mortelle, la maladie de Fanconi, qui touche les reins. Autrefois il n’existait aucun test de dépistage ces deux maladies maladies qui pouvait indiquer les porteurs (un test ADN est maintenant disponible pour la maladie de Franconi). Si les éleveurs s’étaient montrés un peu moins acharnés à éradiquer l’HA, ils auraient pu conserver des porteurs sains dans la population en les faisant reproduire uniquement avec des individus non porteurs afin de ne pas donner naissance à des chiots atteints de HA. Ils auraient pu garder les qualités des porteurs sains, notamment le fait de ne pas porter les gènes responsables de la PRA ou de la maladie de Franconi, tout en diminuant la fréquence du gène HA. Maintenant qu’il existe un test ADN pour la maladie de Franconi ils peuvent enfin avoir recours à cette approche pour lutter contre cette maladie.

Heureusement pour le Basenji, il existe toujours un cheptel autochtone en Afrique. Le club du Basenji a obtenu gain de cause face à l’AKC pour ouvrir à nouveau leur livre des origines afin d’accepter quelques Basenji originaires d’Afrique. Cette nécessité d’apport génétique nouveau a couté cher aux éleveurs qui ont fait l’effort d’importer des individus. Malheureusement, cette option n’est pas réalisable dans toutes les races et quand c’est possible, il est très difficile de convaincre un organisme comme l’AKC d’accepter des individus sans pedigree.

Malgré ce qui est arrivé avec la race Basenji, ce n’est pas une raison pour remettre en cause les tests de dépistage. Le problème ne venait pas du test de la HA en lui-même mais de la sélection draconienne que les éleveurs ont mise en pratique en l’utilisant. S’il existe un test qui permet d’identifier les porteurs, qu’on l’utilise. Cela est tout particulièrement vrai pour les tests ADN , ceux-ci ne font pas que révéler le génotype du chien, ils ne sont pas sujets à donner de faux positifs ou négatifs comme les autres types de tests  . Les éleveurs doivent approfondir le plus possible la connaissance du cheptel des reproducteurs. Ils devraient aussi volontiers partager les résultats, qu’ils soient bons ou mauvais, avec les autres éleveurs.

Les cynophiles expérimentés savent que le chien parfait n’existe pas. Même le meilleur d’entre eux présente des défauts. Les défauts ne sont pas seulement ceux de la morphologique ou du comportement que l’on peut voir facilement mais aussi ceux qui sont génotypiques Le chien possède au moins à peu près 25-30000 gènes. Quelque soit le niveau de sélection des reproducteurs ou le niveau d’exigence de la sélection des descendants, tout chien sera porteur d’un gène régissant un trait indésirable. Les spécialistes s’accordent sur le fait que chaque individu – qu’il soit chien, humain ou chou-fleur – est certainement porteur de quelques allèles potentiellement mortels ainsi qu’un lot de gènes tout juste déficients. Mais nous ne voyons pas tant d’individus que cela tomber comme des mouches.

Dans des circonstances normales, les gènes létaux sont rares. Les populations naturelles favorisent une reproduction qui brasse les allèles. Occasionnellement, certains mauvais allèles se combinent pour produire un individu malade. De plus, la nature de ces maladies limite la capacité des individus atteints de transmettre leur bagage génétique à une descendance car il est rare qu’ils survivent assez longtemps pour pouvoir se reproduire. Mais la sélection apportée aux races et notamment le recours à l’inbreeding a réduit la diversité et en conséquence, on retrouve plus de trois allèles létaux dans la plupart des races canines. Chez le berger australien, il y a deux exemples qui sont : l’anomalie Pelger Huet et la couleur bleu merle. Les gènes qui ont des conséquences mortelles ne sont que le sommet de l’iceberg. Il y a un nombre inconnus de ces gènes déficients dont les effets néfaste peuvent aller du plus bénin au plus grave.

Les éleveurs évaluent d’office leur cheptel par une étude approfondie des qualités morphologiques et comportementales .Les qualités sont mises en balance avec les défauts et, ensuite ils comparent les qualités et les défauts pour leur éventuels mariages .Si son analyse est globalement positive, l’éleveur continue dans cette voie. On doit étudier de la même manière les maladies héréditaires et les défauts, en les considérant eux-mêmes et combinés avec les autres caractéristiques du chien.

Certains défauts sont suffisamment graves pour qu’on écarte complètement un chien d’un programme d’élevage, Cependant tous les problèmes génétiques et les maladies ne rentrent pas dans cette catégorie selon les circonstances. Souvenez-vous du cas du Basenji et de la HA. Les chiens avérés porteurs pour des caractères dont seuls les homozygotes sont affectés (ceux qui ont deux copies du gènes), peuvent être utilisés pour la reproduction, si on prend la précaution de ne pas les associer avec un autre porteur et si on ne les utilise pas d’une manière excessive. Lorsqu’un test ADN est disponible, on devrait utiliser de préférence les sujets indemnes issus de porteurs à la génération suivante. Avec le temps, le nombre de porteurs va diminuer.

Si le mode de transmission est inconnu ou complexe, il devient difficile d’identifier les porteurs. Des individus qui produisent à maintes reprises des problèmes tels que des dysplasies de la hanche, la maladie de Cushing, ou des formes d’allergies sévères devraient être écarter du programme d’élevage étant donné la gravité et la nature invalidante de ces maladies .Mais les chiens ayant un lien de parenté avec ces chiens peuvent utilisés si on prend soin de programmer des mariages qui comportent une chance improbable de faire ressortir ce défaut. Si on a la preuve certaine qu’un individu produit d’une manière répétée un défaut, il devrait être retiré du programme d’élevage.

Beaucoup de défauts peuvent être considérés de manières différentes. Cela comprend des défauts génétiques comme la dysplasie de la hanche et le manque de dents .Chez le Clumber Spaniel où la dysplasie était autrefois quasiment générale, le fait d’écarter les sujets atteints n’était pas la bonne solution si on voulait conserver la race. En écartant de la reproduction les sujets les plus atteints, les éleveurs de Clumber sont parvenus à améliorer leur situation dans l’ensemble en produisant davantage de sujets indemnes de dysplasie et moins de sujets sévèrement atteints. Cependant la dysplasie reste une chose fréquente. La même situation s’est présentée chez les Collies et le problème oculaire du Collie.

Pour ce qui est du manque de dent, un défaut très courant dans les lignées d’exposition du Berger Australien, une méthode similaire pourrait être utilisée.Il y a suffisamment de sujets de bonne qualité avec une denture complète disponibles .Aussi, les sujets auxquels il manque de nombreuses dents ne devraient pas reproduire. Cependant, ceux qui n’ont qu’une ou deux dents manquantes pourraient reproduire avec ceux qui ont une denture complète et dont les ascendants ont aussi toutes leurs dents .Il y a 20 ans, le manque de dents était pratiquement inconnu chez les Aussies. Dans 20 ans, la situation pourrait revenir à son point de départ si les éleveurs se préoccupent de faire les dépistages et des mariages judicieux sans qu’aucune des qualités de ces chiens ne soit perdue en court de route.

On doit prendre en ligne de compte l’ensemble du cheptel d’une race avant de décider si un chien qui montre ou qui porte des défauts peut reproduire. Les bergers australiens sont nombreux mais pas dans tous les cas. En Amérique du nord il y a des milliers d’Aussies mais, dans d’autres parties du monde généralement, le cheptel est constitué au mieux de quelques centaines d’individus pouvant reproduire. Les possibilités d’élargir le pool génétique peuvent être freinées par le coût de l’importation, les conditions sévères de quarantaine ou les restrictions des exportations. Même en Amérique du Nord, la sélection opérée par un éleveur parmi les possibilités d’accouplement sera limitée si ses objectifs sont très précis, tels que produire un type bien particulier d’une lignée.

Dans les petites populations, les éleveurs n’ont pas toujours le choix et sont obligés d’utiliser des individus portant des gènes défectueux. La seule alternative est d’avoir recours à un inbreeding qui ne fait que rétrécir encore le pool génétique et fait ressortir d’autres maladies équivalentes, sinon pires. Des chiens porteurs peuvent être utilisés à condition que les éleveurs limitent l’inbreeding. Aucun chien ne devrait être utilisé trop fréquemment et seuls les descendants sains devraient être utilisés ensuite.

Si les éleveurs approchent une maladie génétique avec un œil objectif et s’ils sont honnêtes avec eux mêmes comme avec les autre éleveurs quant au potentiel d’un individu de transmettre une maladie génétique, ils pourraient obtenir des bébés en bonne santé tous en laissant l’eau du bain remplie de mauvais gènes s’écouler tranquillement dans l’évier.